Inclusion numérique : 10 questions à se poser pour organiser un atelier d’informatique sous Linux

Publié le 04.04.2023 - 17:00
Contenu de l'article Dans le cadre du projet Transistor, Agate a organisé un cycle d’ateliers d’initiation à l’informatique au foyer résidence Les Epinettes de Barby, près de Chambéry. Notre parti pris était d’orienter les apprenants vers des alternatives aux solutions propriétaires grand public :
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Découverte des périphériques informatiques

Le matériel informatique a été offert aux apprenants au terme des sept sessions que composaient cet atelier.

L’organisation de cet atelier a été riche en enseignements, notamment la prise de conscience du niveau technique requis pour le formateur, l'importance d'anticiper l'hétérogénéité des niveaux en informatique et le surplus de pédagogie pour expliquer les tenants et aboutissants de cet apprentissage.

Vous trouverez dans cet article 10 questions auxquelles nous avons été confrontés et les apprentissages tirés de cette expérimentation.

L’atelier répond-il aux besoins des résidents ?


Il est essentiel de présenter le projet en amont face aux réserves de la structure pour que l’objectif de l’atelier soit adapté à la réalité du terrain et aux besoins du public. Dans le cas des Epinettes, un questionnaire interne sur les pratiques numériques a permis de comprendre en partie les besoins.

Concernant l’atelier, l’intérêt du public ciblé portait sur les deux aspects suivants :
  • La montée en compétence sur les usages numériques
  • La mise à disposition de matériel informatique en fin de cycle



Quel est le niveau de connaissances informatiques requis pour intégrer le cycle ?


Tout dépend de l’objectif de l’atelier mais il est important d’homogénéiser au mieux les niveaux, besoins et objectifs des apprenants. Plus le niveau de connaissances du groupe est hétérogène, plus la mission du formateur devient complexe.

Dans le cas des Epinettes, nous avons observé que les publics intéressés par la mise à disposition de matériel disposaient d’un meilleur socle de connaissance en informatique.

Le choix du créneau impacte également la typologie de public de l’atelier, si les horaires choisis sont en journée ou en soirée par exemple. Tout dépend des objectifs et des contraintes de la structure accueillante.


Comment mobiliser des publics sur une formation informatique atypique ?


Plus le projet de formation est atypique et plus il peut être complexe de mobiliser les publics. Il est important pour le porteur de projet d’aider la structure hôte à vulgariser le contenu de l’atelier et axer la communication sur les bénéfices du cycle (montée en compétence sur les usages et mise à disposition de matériel informatique).

Comment inscrire le groupe sur la durée (cycle de sept ateliers de 2h) ?


Il est important de clarifier auprès des apprenants les conditions d’assiduité permettant la mise à disposition de matériel informatique en fin de cycle.

Mais lorsque le public de l’atelier est en transition professionnelle, une flexibilité doit être accordée. Il est par exemple possible que des personnes inscrites soient amenées à partir en cours de route en cas de formation ou de retour à l’emploi.

Dans le cas de départs et d’arrivées de personnes en cours de cycle, plus l’intégration du participant est tardive, plus son niveau de compétence initial doit être élevé.

Il peut être utile pour le formateur de s’appuyer ponctuellement sur le porteur de projet pour apporter un suivi spécifique aux arrivants tardifs sans impacter l’avancement du reste du groupe (par exemple pour aider au formatage et à l’installation de Linux à partir d’une clé USB).

Enfin, si la durée prévue pour chaque atelier est de 2h, il est pertinent de communiquer des créneaux de 2h30 pour garder 30 minutes dédiées à la logistique (déploiement, installation et rangement des ordinateurs).


De combien de personnes le groupe doit-il être constitué ?


Tout dépend de l’homogénéité du groupe, de son degré d’autonomie et de la complexité du projet. Nous souhaitions initialement organiser un atelier avec un groupe de 10 personnes.

Mais nous nous sommes rendu compte qu’il est plus réaliste de limiter l’audience à sept personnes. Au-delà, il n’est pas possible pour le formateur d’assurer un suivi de qualité auprès des apprenants.


Vers quel formateur s’orienter ?


En amont du projet, il est impératif pour la structure porteuse de s’orienter vers un formateur aguerri à Linux.
Le choix de solutions alternatives donne lieu tout au long du cursus à des phases d’adaptations spécifiques.

Le bagage technique du formateur doit être suffisant pour apporter une réponse aux problématiques suivantes :
  • Quelle est la différence entre un ordinateur et un nano-ordinateur ?
  • Pourquoi choisir des services numériques libres ?
  • Quelles sont les possibilités et les limites du libre ?
  • Quel type de nano-ordinateur fournir aux apprenants ?
  • Vers quel type de matériel se rabattre en cas de rupture de stock ?
  • Comment installer un système d’exploitation Linux ?
  • Quelle correction apporter au Bios si le système d’exploitation n’est reconnu au démarrage ?
  • Comment installer un logiciel sous Linux ?
  • Quelle est la différence entre Windows et Linux ?

Au-delà des compétences techniques, le formateur doit faire preuve de pédagogie pour présenter des outils alternatifs et garder comme fil conducteur l’initiation à des usages numériques standard.


Quel matériel choisir ?


Deux orientations sont possibles : des nano-ordinateurs ou des ordinateurs portables. En raison de contraintes logistiques, nous avons fait le choix de développer l’atelier sur ordinateur portables.

Ce choix nous est apparu après coup comme une évidence :
  • La mise à disposition de configurations dissociant ordinateur, écran, clavier et souris était inopportune pour des publics dont les logements ont une superficie limitée.
  • Les ordinateurs portables commandés sont plus performants et plus robustes que les nano ordinateurs.
  • Par leur apparence plus traditionnelle, les ordinateurs portables ont facilité l’introduction à Linux.
  • D’un point de vue logistique, les ordinateurs portables sont plus faciles à stocker, déployer et ranger pendant la durée de l’atelier qu’un combiné nano-ordinateur – clavier – souris - écran.
  • Il est judicieux de s’équiper d’une machine supplémentaire pour anticiper les problèmes classiques observés sur du matériel reconditionné (alimentation, batterie).

Pour le bon fonctionnement de l’atelier, il est opportun de s’assurer que la structure hôte dispose de rallonges et de multiprises.

Enfin, pour accompagner au mieux les apprenants dans leur découverte de Linux, faites le choix d’une distribution avec un rendu similaire à Windows. Notre formateur a opté pour Mint, très apprécié des débutants.


Quelle continuité au cycle d’ateliers ?


Il est indispensable d’apporter un suivi à l’apprentissage pour les publics les plus en difficulté. Par exemple, il peut être pertinent d’intégrer le dispositif dans le tissu local existant en regardant si des formations complémentaires sont dispensées par des conseillers ou médiateurs numériques dans des structures environnantes.

A titre d’exemple, il a été convenu aux Epinettes de faire intervenir successivement deux conseillers numériques de l’agglomération (CCAS La Ravoire et CCAS Chambéry) pour accompagner la montée en compétence sur les usages.

Comment évaluer l’atelier ?


Pour comprendre si les objectifs de l’atelier ont été atteints, il est important de définir les indicateurs depuis le parti pris de la formation (« Il est possible avec des outils alternatifs de répondre aux besoins numériques du grand public ») et des besoins du groupe (montée en compétence sur les usages et mise à disposition de matériel informatique)

Assiduité : Pour évaluer l’intérêt du public pour un atelier, il peut être judicieux de demander à la structure accueillante si le temps de mobilisation en amont a été plus important qu’accoutumée. Il est également important d’utiliser une feuille de présence permettant d’estimer à la fois la rétention sur le temps de cycle et le turnover du groupe.

Besoins et usages : Pour estimer le degré de satisfaction du groupe quant au contenu cycle, un questionnaire doit être partagé et renseigné en fin de cycle. Nous avons posé au groupe les questions suivantes :
  • Le contenu de cet atelier a-t-il été conforme à vos attentes ?
  • Cet atelier a-t-il répondu à vos besoins quotidiens ?
  • Vous sentez-vous aujourd’hui plus en confiance sur l’outil informatique qu’au début de l’atelier ?
  • Estimez-vous au terme de ce cycle avoir besoin d’une formation complémentaire en informatique ?
  • Estimez-vous que le formateur s’est bien adapté à votre niveau lors de l’apprentissage ?

Pour jauger la mise en application des apprentissages et la qualité du matériel informatique, il a été convenu avec les apprenants d’un rendez-vous un mois après l’atelier. L’objectif est de reprendre ces mêmes questionnements à froid pour juger la pertinence réelle de l’atelier et surtout voir si la réponse apportée (Utilisation de logiciels libres sous Linux Mint) répond aux problématiques des résidents (besoin de matériel et montée en compétence sur les usages).

Pour créer un questionnaire en ligne, nous recommandons d’utiliser Framaforms.

Comment structurer ce type d'atelier d'initiation à l'informatique


Composé de sept séances, l'atelier informatique a démarré par une phase technique de découverte de l'informatique (Découverte des composants et du fonctionnement des systèmes d'exploitation) avant de passer à des sessions centrées sur les usages standard.

Voici le déroulé complet, à adapter selon le niveau, les besoins du public et la limite de temps :

  • Réunion introductive (programme, objectifs et recueil des besoins)
  • Découverte des périphériques, théorie et mise en pratique (démontage de tours)
  • Formatage du disque dur et installation de Linux à partir de clés USB
  • Configuration de Linux (wifi et mises à jour)
  • Installation de logiciels sur Linux
  • Navigation sur Internet sur Firefox
  • Initiation à la cybersécurité (créer un mot de passe sécurisé)
  • Initiation à la bureautique sur Libre Office

Attention à ne pas laisser le temps dédié à la technique déborder sur les usages.

Quelles sont vos questions ?


Si vous souhaitez en savoir plus sur l’atelier Transistor, si un élément de cette analyse n’est pas clair ou si vous constatez une omission, n’hésitez pas à nous contacter via le formulaire dédié.

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